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Koweït, pays de la péninsule
Arabique, situé dans le golfe Arabo-Persique, dont
les pays voisins sont, au nord et à l'ouest, l'Irak,
au sud, l'Arabie Saoudite. Le pays couvre une superficie
totale de 17 818 km², incluant un territoire neutre
de 5500 km², administré conjointement par l'émirat
et son puissant voisin saoudien, ainsi que les îles
de Bubiyan, Warba et de Faylaka. La capitale du pays est
la ville de Koweït. D'août 1990 à février
1991, l'Irak a annexé et occupé le Koweït,
déclenchant ainsi la guerre du Golfe. Après
sa libération, le Koweït a connu une très
forte croissance économique et rattrapé le
retard occasionné par l'effort de guerre, mais la
monarchie des al-Sabah est confrontée à une
importante contestation intérieure.
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Le pays et
ses ressources :
À l'exception de certaines petites zones côtières,
le Koweït présente un paysage désertique,
plat et infertile. Le climat est très aride, avec
des pics de température de plus 49°C durant la
saison sèche et une très faible pluviosité
concentrée sur les mois de novembre à avril.
Pour son alimentation en eau potable, l'émirat doit
recourir au dessalement, coûteux, de l'eau de mer.
Les hydrocarbures constituent les seules ressources naturelles
du pays mais elles sont abondantes : le pays, y compris
la zone neutre dont les ressources pétrolifères
sont partagées avec l'Arabie Saoudite, possède
les quatrièmes réserves mondiales de pétrole.
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Population
et société :
- Démographie :
La guerre du Golfe a eu d'importantes conséquences
sur la population de l'émirat. En 1990, celle-ci
était estimée à 2,3 millions d'habitants
; elle n'était plus que de 1,54 million en 1994.
En effet, des milliers de travailleurs étrangers,
principalement des Jordaniens et des Palestiniens, ont été
expulsés du Koweït après sa libération,
en raison du soutien apporté par leurs dirigeants
ou leurs communautés à l'Irak. Les Koweïtiens
ne sont que 650 000 personnes, les travailleurs immigrés,
notamment asiatiques (Indiens et Pakistanais), constituant
la majorité des habitants. Les Bidoun, Koweïtiens
d'origine bédouine, ne possèdent pas la nationalité
; leur nombre était estimé, en 1994, à
70 000 contre 200 000 avant la guerre du Golfe.
L'espérance de vie moyenne à la naissance
au début des années 1990 était de soixante-douze
ans pour les hommes, et de soixante-seize ans pour les femmes.
- Villes principales :
Plus de 96p.100 de la population de l'émirat habitent
dans les villes dont la principale est la capitale, la ville
de Koweït (2.100.000 habitants), qui est également
le port le plus important. Jahrah et Salimiya comptent chacune
plus de 100.000 habitants.
- Langues et religions :
La population est majoritairement musulmane sunnite, un
tiers des Koweïtiens sont d'obédience chiite.
Une loi de 1981 a limité la citoyenneté aux
seuls musulmans. L'arabe est la langue officielle du Koweït,
mais l'anglais est fréquemment parlé.
- Éducation :
D'importants investissements ont été réalisés
dans le domaine de l'éducation; l'enseignement est
gratuit et obligatoire. En 1995, plus de 80p.100 des Koweïtiens
étaient alphabétisés. Au début
des années 1990, les trois quarts des enfants de
douze à dix-sept ans étaient scolarisés.
Dix-sept mille étudiants suivaient un cursus universitaire,
dont plus de deux mille à l'étranger.
- Gouvernement et vie politique :
Le système juridique, codifié en 1960, subit
une très grande influence de la loi islamique (charia).
La Constitution de 1962 a institué une monarchie
constitutionnelle. Le pouvoir exécutif appartient
à l'émir (prince), issu de la dynastie des
al-Sabah, qui gouverne assisté d'un Premier ministre,
également membre de la famille régnante et
d'un Conseil de ministres nommés par lui-même.
Une assemblée, élue pour un mandat de quatre
ans, exerce le pouvoir législatif. Dissoute en 1976,
restaurée en 1981, à nouveau supendue en 1986,
elle fut remplacée par un conseil national ayant
moins de pouvoir en 1990. Après son abolition durant
l'occupation irakienne (août 1990-février 1991),
le gouvernement koweïtien fut rétabli en mars
1991, et l'assemblée restaurée après
les élections du 5 octobre 1992. En son sein, les
partisans d'un État islamique intégral, dans
lequel la charia serait la seule source du droit, représentés
par le Mouvement islamique constitutionnel (Frères
musulmans) et le Rassemblement islamique populaire s'opposent
à un groupe hétéroclite, rassemblant
le Forum démocratique, progressiste, la Coalition
islamique nationale, représentant les chiites, ainsi
que les représentants du monde des affaires et du
commerce.
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Économie :
Le développement du Koweït dépend presque
totalement de sa production pétrolière et
de ses investissements extérieurs. Les réserves
nationales de pétrole sont estimées à
94 milliards de barils, ce qui assure une exploitation d'une
durée de cent cinquante ans environ. 5p.100 de ces
réserves ont été détruites durant
la guerre du Golfe, le coût de la reconstruction étant
lui-même évalué à plus de vingt
milliards. La reconstruction a nécessité la
mise en place d'un plan d'économie, notamment au
niveau de l'administration publique et plus généralement
du fonctionnement de l'État ; elle a, dans le même
temps, nourri une croissance économique forte jusqu'en
1995. Le Koweït demeure l'un des pays les plus riches
du monde : en 1994, son produit national brut (PNB) s'élevait
à 25,14 milliards de dollars, soit un PNB de 14 360
dollars par habitant. Les travailleurs étrangers
représentent 80p.100 de la population active du pays.
-Agriculture :
L'agriculture et la pêche emploient moins de 2p.100
de la population active. Les tomates, les dattes, les melons
et les oignons sont les principales cultures du pays. La
prise annuelle de poissons au début des années1990
était de deux mille tonnes. Le pays dépend,
pour son alimentation, des importations.
- Mines et industries :
L'industrie koweïtienne repose essentiellement sur
l'extraction et le raffinage du pétrole. Exploités
commercialement après la Seconde Guerre mondiale,
ces gisements sont passés des mains de concessionnaires
occidentaux à celles du gouvernement en 1975. Malgré
la destruction de près de 75p.100 des puits de pétrole
durant la guerre du Golfe, dès 1992, la production
dépassait le niveau atteint deux ans auparavant en
1992 (52,97 millions de tonnes). En effet, le Koweït
a bénéficié d'une redéfinition,
par l'Organisation des Nations unies, de sa frontière
avec l'Irak. Une partie du champ pétrolifère
de Roumeïla est désormais territoire koweïtien.
En 1994, la production pétrolière atteignait
91,9millions de tonnes.
L'augmentation des revenus du pétrole, dans les années
1970, a par ailleurs permis l'essor de nouvelles productions
telles que le ciment, les matériaux de constructions,
le plastique et les bateaux. En outre, le pays s'alimente
en électricité grâce à la production
de stations thermiques.
- Échanges :
L'unité monétaire du Koweït est le dinar
koweïtien. Remplacée par le dinar irakien lors
de la guerre du Golfe, la devise koweïtienne fut rapidement
rétablie après la libération de l'émirat.
Avec 10,8 milliards de dollars d'exportations et 6,6 milliards
de dollars d'importations en 1990, la balance commerciale
est excédentaire, et ce grâce à la vente
des produits du pétrole. Les principaux clients sont
le Japon, l'Italie, Singapour, les Pays-Bas, Taïwan,
le Pakistan et les États-Unis.
Le Koweït ne possède pas de chemin de fer, mais
un réseau routier de 4740 km. Un aéroport
international se trouve près de la ville de Koweït.
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Histoire :
- De la fondation du Koweït moderne au
protectorat britannique :
Si la première civilisation connue dans la région
koweïtienne remonte au IIIe millénaire av. J.-C.,
le Koweït moderne ne naquit qu'en 1710, avec la construction
de la ville du même nom par des travailleurs immigrés
Anizah, venus du centre de la péninsule Arabique.
La famille al-Sabah, toujours au pouvoir aujourd'hui, s'établit
à Koweït en 1756 et constitua un émirat
sur ce territoire, alors irakien et placé sous l'autorité
de l'Empire ottoman. Dès la fin du XVIIIe siècle,
la Compagnie des Indes britanniques installa un comptoir
commercial dans l'émirat. L'émir se plaça
sous protection britannique, en 1899, afin de s'émanciper
de la puissance ottomane. La Grande-Bretagne consolidait,
quant à elle, son influence dans la région
au détriment du rival allemand.
En 1914, après la défaite et le démembrement
de l'Empire ottoman, l'émirat koweïtien, dont
l'ancienne puissance tutélaire avait reconnu l'indépendance,
passa, comme son voisin irakien, sous domination britannique.
Les wahhabites d'Arabie saoudite, conduits par Ibn Séoud,
sultan de Nedjd, tentèrent alors de prendre possession
du territoire koweïtien, dont les frontières
n'avaient pas été formellement définies.
La paix ne fut restaurée, en 1921, qu'après
une intervention militaire britannique. En 1922, une zone
neutre fut créée, toujours sous l'égide
britannique, entre le Koweït et l'Arabie saoudite tandis
que l'année suivante était fixée la
frontière nord avec l'Irak. Ce pays, cependant, qui
revendiquait l'héritage de l'empire Ottoman et considérait
donc le Koweït comme partie intégrante de son
territoire, afficha clairement ses prétentions lorsqu'en
1938 les premiers gisements de pétrole furent découverts
dans le sous-sol de l'émirat. La Kuwait Oil Company,
société pétrolière anglo-américaine,
commença l'exploitation à grande échelle
du pétrole en 1946. Une partie des profits de la
compagnie revint à l'émir ; ces revenus permirent
de développer l'infrastructure et les services sociaux
du pays.
- Le Koweït indépendant :
En 1961, la Grande-Bretagne accorda son indépendance
au Koweït. En réaction, le régime irakien,
alors dirigé par le général Kassem,
massa des troupes à la frontière. Des mouvements
de troupes appartenant à l'armée britannique
et aux pays de la Ligue arabe, à laquelle l'émirat
avait adhéré, empêchèrent l'annexion.
Le calme fut ramené mais l'Irak ne reconnut pas sa
frontière avec le nouvel État. En 1963, celui-ci
entra aux Nations unies. Trois ans plus tard, le litige
frontalier avec l'Arabie Saoudite fut réglé
par un accord prévoyant le partage des ressources
pétrolières de la zone neutre séparant
les deux pays.
Le Koweït mena désormais une politique active
au Proche-Orient. Ses revenus, considérablement accrus
par la hausse du prix du pétrole, en 1973, puis par
la nationalisation de la Kuwait Oil Company, en 1975, lui
permirent de soutenir financièrement les pays arabes
en lutte contre Israël. Durant la guerre Iran-Irak,
le régime koweïtien choisit d'apporter son aide
au voisin qui l'avait si souvent menacé, considérant
que le principal danger venait désormais de l'Iran
révolutionnaire chiite. L'émirat subit les
représailles de l'Iran contre ses installations pétrolières
en 1981. En 1980, 1983 et 1985, des attentats revendiqués
par des chiites pro-iraniens provoquèrent l'expulsion
de milliers de leurs coreligionnaires. Le cheikh Jaber al-Ahmad
al-Sabbah, au pouvoir depuis 1977, suspendit l'Assemblée
nationale en juillet 1986 et gouverna par décret.
La montée des revendications démocratiques,
en 1989 et 1990, le conduisit cependant à accepter
la restauration d'un corps législatif, aux pouvoirs
restreints. L'élection, le 10 juin 1990, du nouveau
conseil national fut boycottée par l'opposition.
La fin de la guerre irano-irakienne, en 1988, raviva les
tensions avec l'Irak. Celui-ci, sorti extrêmement
affaibli du conflit, se vit refuser par le Koweït l'annulation
des dettes accumulées durant huit ans, tant qu'il
n'aurait pas reconnu la frontière avec l'émirat.
Le dépassement, par le Koweït, des quotas pétroliers
fixés par l'Organisation des pays exportateurs de
pétrole (OPEP), provoquant un effondrement des prix
et augmentant les difficultés économiques
de l'Irak, fut interprété par le régime
irakien comme un camouflet supplémentaire.
Le 2 août 1990, les troupes irakiennes envahissaient
le territoire koweïtien. L'émir Jaber se réfugia
en Arabie Saoudite, où il établit un gouvernement
en exil. L'Irak annexa officiellement le Koweït le
8 août, malgré la condamnation de l'invasion
par le Conseil de sécurité des Nations unies
et par la Ligue arabe. Le 17 janvier 1991, l'intervention
d'une coalition internationale marquait le début
de la guerre du Golfe. Le Koweït fut libéré
à la fin du mois de février 1991. Des centaines
de puits de pétrole avaient été détruits
par les Irakiens en retraite. La reconstruction s'accompagna
de nombreux procès intentés par les autorités
pour « collaboration » avec l'occupant irakien
et de l'expulsion de plusieurs centaines de milliers de
travailleurs étrangers, principalement des Palestiniens
et des Jordaniens. Les conditions dans lesquelles se déroulèrent
procès et expulsions firent l'objet de nombreuses
critiques de la part des gouvernements occidentaux et d'organisations
se consacrant à la défense des droits de l'Homme.
En 1992, les incendies pétroliers étaient
éteints et 16,5 milliards de dollars ont été
versés aux États-Unis au titre de participation
aux dépenses de guerre. En avril, la frontière
avec l'Irak était redessinée par une commission
spéciale de l'ONU, au profit du Koweït qui a
obtenu une partie du champ pétrolifère de
Roumeïla. Mais la menace irakienne n'a pas pour autant
été totalement écartée, comme
l'ont montré les mouvements de troupe le long de
cette frontière en octobre 1994. Le Koweït,
pour assurer sa protection, a obtenu par une série
d'accords, l'assistance militaire des États-Unis
et de plusieurs pays européens.
Sur le plan politique, le régime doit toujours faire
face à une importante contestation, émanant
à la fois des organisations favorables à une
certaine laïcisation de l'État, des mouvements
musulmans sunnites rigoristes et de la minorité chiite.
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